Mutum

Mutum : la start-up qui revalorise la notion de partage

Ras-le-bol de se sentir envahir par des objets encombrants et inutiles ? C’était sans compter sur la plateforme numérique Mutum qui revalorise la dimension d’échange et de partage. Rencontre avec les fondateurs.

« Aujourd’hui en France, un foyer possède en moyenne 34 objets qu’il utilise moins de 3 fois par an. Nous avons accumulé des objets produits en surnombre et qui traînent dans les placards. »

Mutum la plateforme numérique de pret d objetMutum répond à une urgence bien de notre temps. Celle de revenir à une consommation consciente et raisonnée. Selon vous, comment le numérique parvient-il à valoriser cette nouvelle économie sociale et solidaire ?

Le numérique est une invention formidable. Il permet de connecter des centaines et des milliers de personnes avec des besoins, des envies et des engagements communs. Loin d’éloigner les citoyens, il permet au contraire de faciliter leur rencontre « dans la vraie vie ».

Sur Mutum, cela se traduit concrètement par une mise en relation de personnes qui habitent à proximité et qui ne se connaissent pas nécessairement. Elles pourraient tout à fait se rendre service. Certains ont les objets que d’autres cherchent mais ne savent pas où les trouver.

Le numérique a également un grand pouvoir éducatif. Il permet à chacun de se renseigner sur ce qui se passe près de chez lui. L’internaute peut participer aux initiatives positives qui existent et qui peuvent lui faciliter la vie.

Alors non, le numérique ne réinvente pas la roue. L’économie sociale et solidaire existe depuis des siècles, et n’a pas eu besoin de sites internet pour se développer. En revanche, il est un outil redoutablement efficace et viral pour l’ESS aujourd’hui. Il permet de généraliser cette solidarité, en rassemblant beaucoup plus de monde autour de causes justes.

Grâce à des démarches comme Mutum, une communauté désireuse de consommer autrement ne cesse de croître. Comment interprétez-vous cette nouvelle dynamique résolument tournée vers le partage ?

Le partage a toujours existé, mais il s’intensifie en effet au travers de nombreuses initiatives sociales et solidaires. Mais cela se fait aussi avec l’essor de l’économie du partage.

C’est, selon moi, le contexte actuel qui remet le partage au goût du jour. Beaucoup de consommateurs cherchent donc à réduire leurs dépenses (par nécessité) ou leur impact environnemental (par conviction). Ils questionnent leur consommation et réalisent rapidement que la solution évidente, c’est d’acheter moins. Il va demander à son voisin s’il n’a pas une perceuse à lui prêter, au lieu de faire 10 km pour en acheter une qu’il utilisera rarement.

Aujourd’hui en France, un foyer possède en moyenne 34 objets qu’il utilise moins de 3 fois par an. Nous avons accumulé des objets produits en surnombre et qui traînent dans chaque placard de nos maisons. Ça n’a aucun sens ! Pourquoi ne pas les prêter ? Pourquoi acheter quand on peut emprunter gratuitement à son voisin, qui accepterait avec plaisir de nous rendre service ?

Le partage permet de se soustraire de l’économie actuelle et/ou de la compléter par une économie alternative qui a du sens. En incitant ces nouveaux usages de consommation, on redonne du pouvoir à l’humain. Le citoyen devient plus qu’un consommateur, il est un « consom’acteur ». C’est grâce au partage et à l’entraide que nous construirons la société Eco-logique de demain.

Différentes plate-formes de trocs et d’échanges commencent à fleurir sur la toile. Quels sont les enjeux et projets de Mutum pour améliorer l’offre déjà existante ?

Mutum est un réseau de prêt d’objets gratuit. C’est déjà un enjeu en soi, car ce n’est pas dans les habitudes de tout le monde de rendre service sans échange monétaire. Il faut créer l’usage, faire comprendre l’intérêt du partage. Nous avons une monnaie d’échange sur le site qui permet de pallier ce problème en partie. Mais notre défi est de réapprendre à partager sans argent !

Ensuite, il faut atteindre une masse critique d’utilisateurs et d’objets, afin qu’une personne qui vient de s’inscrire et qui cherche un appareil à raclette le trouve à moins de 200 m de chez lui. C’est là où se trouvera la valeur ajoutée de Mutum. Nous sommes déjà plus de 52 000 utilisateurs. Nous mettons en place des outils simples et ludiques pour proposer ses objets facilement.

Un des prochains chantiers de Mutum est de proposer le partage de services. C’est une demande de nos utilisateurs. Certaines personnes ont peu d’objets à prêter, d’autres souhaiteraient emprunter une ponceuse et, à la fois, apprendre comment s’en servir. Cela semble logique de leur offrir ce service.

Enfin, notre défi à plus long terme est de sensibiliser les citoyens à l’impact environnemental de leur mode de consommation. Nous souhaitons également accompagner l’utilisateur : avec des services proches de chez lui. Il se rend compte qu’il peut avoir un impact positif sur la planète, à son échelle

*Interview de Anouck Alarcon, responsable communication de Mutum.

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