Santé : Quand les perturbateurs endocriniens nous rendent crétins !
Cette semaine, Arte diffusait le documentaire Demain tous crétins. Ce reportage relate le lien entre les perturbateurs endocriniens et le déclin cognitif de nos enfants.
« Brome, Chlore, Fluor …ces résidus chimiques ne constituent qu’une partie de l’ensemble des perturbateurs endocriniens. Trop de molécules rentrent aujourd’hui en jeu pour saisir l’ampleur de leur impact sur la santé et l’environnement. »
Le cas des soldats dans l’armée scandinave
L’anthropologue anglais Edouard Dotton a étudié les tests de QI proposés chaque année aux jeunes appelés de l’armée scandinave. Ce test montre des résultats sans appel sur l’évolution de l’intelligence. Les études constatent une augmentation de l’intelligence jusque dans le milieu des année 90.
On assiste désormais à une inversion vertigineuse de cette courbe. Pour certains, la faute en revient donc aux perturbateurs endocriniens.
Précisément, les tests en question démontrent une perte significative de 2 points du quotient intellectuel année après année. Cet état se vérifie dans plusieurs autres pays occidentaux, dont la France et l’Allemagne.
En terme familier, l’humanité deviendrait depuis les années 90 de plus en plus stupide.
Vers un retour du crétinisme ?
La chercheuse en Endocrinologie Barbara Demeneix fait également état d’une inquiétante érosion de certaines fonctions cognitives. Entre 1990 et 2001, on dénombre une augmentation de 600 % de cas d’autisme en Californie. Ainsi, cela représente désormais 1 enfant sur 68 parmi les nouveaux-nés.
L’augmentation de cette pathologie s’explique par une altération de notre thyroïde. Cette altération s’explique alors par les perturbateurs endocriniens. Cela ressemble, d’ailleurs, aux cas de crétinisme du XIXè siècle.
Le crétin est une personne qui souffre d’une maladie congénitale invalidante. Les crétins sont généralement de petites tailles et ont un retard mental significatif. Par ailleurs, ils étaient affligés d’un goitre (renflement du cou lié au gonflement de la thyroïde). Ce n’est que plus tard que le terme crétin est devenu une insulte.
Dans les années 1966, près d’un enfant sur 7 en Papouasie souffre de crétinisme. Pour les chercheurs présents sur le terrain, cette maladie est due à une carence en iode. Un test d’injection d’iode a confirmé cette hypothèse. Chaque enfant né d’une mère supplémentée en iode vient au monde en parfaite santé tandis que les autres conservent leur retard.
Comme nous le verrons plus bas, les perturbateurs endocriniens altère le bon fonctionnement des organes vitaux de notre organisme.
L’iode permet de fabriquer les hormones thyroïdiennes favorables à un bon développement cérébral. On la trouve essentiellement dans le poisson. Actuellement, l’OMS constate un déficit en iode chez près de 44 % des européens. Par ailleurs, une légère carence en iode n’est pas sans conséquence. Elle serait même en partie responsable des cas d’hyperactivité et de troubles du comportement diagnostiqués chez un nombre croissant d’enfants.
Le rôle des perturbateurs endocriniens
Le brome, le chlore et le fluor sont des composants chimiques qui ont une structure très proche de l’iode. Notre organisme peut être induit en erreur et les confond avec les hormones thyroïdiennes. Nous avons donc les principaux perturbateurs endocriniens suivants.
Le Chlore
Le PCB est un dérivé du chlore, majoritairement utilisé dans les transformateurs électriques, le plastique, la peinture et la colle. Les PCB continuent d’être partout, même s’ils ont été interdits dans les années 80. Ils remontent la chaîne alimentaire pour arriver jusque dans nos assiettes.
Lors d’un test en laboratoire, un cocktail de PCB a été placé sur des cookies destinés à des rates gestantes. Le résultat a démontré que les rats naissaient avec un cerveau anormalement constitué. Le PCB agirait donc comme des hormones thyroïdiennes : toute la population exposée à ce résidu chimique est susceptible de déclencher des changements comportementaux, dont une baisse significative du QI.
Le Brome
Des dérivés de ce perturbateur endocrinien se trouvent dans les retardateurs de flamme, eux-mêmes présents dans les ordinateurs, téléviseurs, téléphones, matelas et mousse de canapé.
Dans les années 80 aux USA, les retardateurs de flamme sont même présents dans les pyjamas des bébés. A l’époque, la chimiste Arlène Blum découvre que le retardateur de flamme se retrouve dans l’urine des enfants qui portent ces pyjamas. Pire encore, ces substances cancérigènes ont la capacité de modifier progressivement notre ADN.
Perturbateurs endocriniens : le Chat d’Arlène Blum
En 2006, Arlène Blum constate un amaigrissement sévère chez son chat dont le vétérinaire diagnostique une hyperthyroïdie. Selon le médecin, on assiste étrangement à une véritable explosion de cette maladie chez les animaux de compagnie.
Arlène Blum décide alors d’envoyer en laboratoire de la poussière présente dans son aspirateur pour saisir l’origine du problème. Les résultats indiquent que les retardateurs de flamme sont présents dans les poussières à des quantités astronomiques. En effet, les résidus chimiques s’évaporent de nos canapés, de nos fauteuils, de nos rideaux pour tomber dans la poussière et pénétrer nos organismes.
Arlène Blum n’a pas d’autres possibilités que de se débarrasser d’une grande partie de son mobilier. Les retardateurs de flamme sont partout, y compris dans 80 % des articles de puériculture. Par ailleurs, les retardateurs de flamme sont tout à fait inefficaces.
Depuis fin 2013, les retardateurs de flamme ne sont plus obligatoires dans le mobilier américain. En Europe, la législation est variable d’un pays à l’autre.
Les pesticides, sources de perturbateurs endocriniens
L’agriculture intensive est particulièrement répandue dans la région californienne de Salinas. Depuis près de 20 ans, un nombre croissant de dégénérescence cognitive apparaissent chez les enfants. Les instituteurs témoignent également d’une augmentation des migraines, d’asthme et de troubles de l’attention chez leurs élèves.
Des tests ont alors été réalisés sur près de 600 femmes enceintes. Elles sont toutes issues de familles de travailleurs agricoles. Cela représente donc 220 000 lots de sang, d’urine et de poussières issues du domicile. Par ailleurs, cette recherche épidémiologiste s’est déployée sur 17 ans.
Ces tests veulent ainsi démontrer la relation entre le taux de résidus chimiques et le retard cérébral de l’enfant. Le terme de « perturbateurs endocriniens » prend alors tout son sens : la chimie entrave le bon développement de l’enfant.
L’étude compare ainsi les zones d’épandage et les lieux de vie des femmes. On constate alors que les enfants à problèmes sont ceux d’une mère subissant une forte exposition. Pire encore, plus de 7 points d’écart sont constatés entre le QI des enfants sains et celui des enfants exposés aux pesticides. Les mêmes effets dévastateurs existent aussi chez les enfants urbains.
Perturbateurs endocriniens : une réalité alarmante !
- Ces résidus chimiques ne constituent alors qu’une partie de l’ensemble des perturbateurs endocriniens. En effet, trop de molécules rentrent aujourd’hui en jeu pour saisir l’ampleur de leur impact sur la santé et l’environnement.
- La perte progressive du QI dans nos sociétés représentera une perte économique colossale pour les sociétés à venir. En effet, un enfant dont le quotient intellectuel diminue deviendra un adulte peu productif qui nécessitera plus de services d’assistance.
- Sur le seul plan de la santé, les dégâts engendrés par cette intoxication massive prévoie un coût de 217 milliards pour le seul cas de l’Europe.
Perturbateurs endocriniens : le replay
Le replay de Demain tous crétins est à retrouver sur ce lien.