Veggie Corner : le nouveau rancard gourmand & Vegan à Toulouse !
Pâtissier toulousain sensible et engagé, Franck Lafon a bien l’intention de changer le paysage alimentaire de la Ville Rose. Rencontre avec le créateur inspirant et inspiré du restaurant végétal Veggie Corner.
C’est mon acte militant a moi : montrer aux gens que l’impératif éthique du mode de vie végane n’est pas si dur à atteindre
L’ouverture d’un restaurant/salon de thé végétal comme le Veggie Corner reste le signe d’un engagement profond en faveur d’une alimentation éthique et respectueuse du vivant. Racontez-nous votre prise de conscience et les changements concrets qu’elle a opéré dans votre vie.
Tout a commencé il y a 1 an et demi lors d’un visionnage d’une vidéo de Gary Yourofsky sur Youtube. J’étais déjà sensibilisé à la cause animale et à l’écologie depuis plusieurs années. J’ai fait mes études dans un lycée agricole, puis un DUT génie biologique et un BTS Gestion forestière avant de faire mon CAP de pâtisserie.
J’ai été choqué de voir d’où venaient vraiment les produits animaux dans nos assiettes. Bien que « carniste » encore à ce moment-là, il était impossible pour moi de continuer à consommer des produits issus de l’exploitation animale.
J’ai pleuré devant ces vaches qui se voient retirées leurs bébés pour du lait, je venais d’être papa quelques mois avant. Ca m’a profondément bouleversé, je me suis imaginé à leur place, la douleur atroce qu’elles devaient subir. J’étais devenu végétalien en 1h30, puis le véganisme a suivi quelques jours après.
Concrètement, cela a tout changé dans ma vie. J’ai du remettre en question tout ce qu’on m’avait appris lors mon CAP, lors des 30 années de ma vie. Ce mensonge constant entretenu par les lobbys. Il m’a fallut apprendre de nouvelles recettes, tester de nouvelles combinaisons.
Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, il y a eu quelques tests infructueux voire catastrophiques. Mais maintenant je dispose d’assez de recettes. Avec le Veggie Corner, je veux faire découvrir aux gens la cuisine végétale. Je veux montrer aux gens que les véganes ne mangent pas de l’herbe et des cailloux.
L’alimentation est un sujet délicat, notamment dans une France particulièrement attachée à son terroir. Selon vous, un « éveil des palais » facilite-t-il forcément un « éveil des consciences » durablement ?
Je pense que les gens, avec toutes les vidéos, les reportages, les sujets qui sont consacrés à la souffrance animale, sont déjà éveillés. Ils ont juste peur de sauter le pas. C’est difficile de changer du jour au lendemain toutes ses habitudes alimentaires, vestimentaires, sanitaires. Mais il est vrai que la France est le pays de la gastronomie, de la « bonne bouffe ». Il est donc plus difficile pour les gens de changer.
La première question qui vient a la bouche des gens lorsqu’ils apprennent que je suis végane est : « mais qu’est-ce que tu manges ?? ». Quand on prépare un repas dans notre pays, on parle toujours de la viande. A midi, on veut une entrecôte ou une côtelette d’agneau, pas des haricots ou du riz.
Pour la majorité de la population, ce n’est que l’accompagnement. Alors quand on leur dit qu’on va leur enlever le principal dans leur plat, forcement les gens se cabrent. Ils sont effrayés car ils savent qu’ils vont devoir remettre en perspective la manière de préparer leurs repas. Ainsi, je pense qu’il est INDISPENSABLE de leur montrer qu’il est possible de cuisiner des plats véganes savoureux.
Il faut leur montrer que ce mur qui leur semble infranchissable n’est pas si haut que ça. Au contraire, on découvre tellement de choses quand on devient végane. Je n’ai jamais mangé de saveur aussi variées, mes placards sont remplis d’épices et de nouveaux produits désormais.
Lorsqu’on baigne dans les alternatives éco-responsables, on est d’abord frappé par le dynamisme de la région toulousaine dans ce domaine. Comment expliquez-vous le rayonnement « militant » qui existe dans cette région ?
Il est vrai que le militantisme sur la région toulousaine est très impressionnant. J’ai déjà eu l’occasion de participer a plusieurs actions avec des associations de protection animale, notamment contre le foie gras, ou pour la journée des droits des animaux.
Je vais également participer en partenariat avec l’association ANIMAL AMNISTIE à une dégustation. Cela se fait le 18 mars pour la journée sans viande, à la sortie du métro capitole. Nous sommes également une des seules villes dans le sud de la France à avoir notre propre épicerie 100% végane. C’est le Cri de la Carotte, Avenue de Muret.
Je dois avouer que je ne sais pas trop d’où vient cette force du militantisme toulousain. Mais je pense que c’est en partie du à la population de notre ville rose. Nous avons la chance d’être dans une ville étudiante. Je vois énormément de jeunes lors des manifestations. Il y a une nouvelle vague qui arrive, toute cette nouvelle génération est bien plus consciente mine de rien de ce qui est fait grâce a internet. Elle n’a pas peur de lutter pour ce qui lui semble juste et éthique.
Ils sont bien plus informés que notre génération (les 30-40 ans actuels) sur le volet écologique. Ils sont conscients d’être à la charnière entre la société consumériste que nous connaissons, avec l’exploitation de tout, que ce soit les animaux humains ou non-humains, et une nouvelle société qui peut émerger, une société plus éthique.
On constate avec bonheur l’émergence de restaurants végétariens un peu partout en France. Parlez-nous davantage de votre restaurant Veggie Corner et de vos ambitions intimes pour ce lieu engagé et convivial.
Comme dit précédemment, je veux prouver aux gens que la cuisine végétalienne n’est pas sans saveur. C’est un mode de consommation éthique, écologique et savoureux. Et puis, il est difficile sur Toulouse de trouver un restaurant 100% végétal. Beaucoup proposent des alternatives, en plus de leurs plats traditionnels.
Et c’est embêtant de devoir demander à chaque fois si il y a des œufs ou du lait dans tel ou tel plat. Au Veggie Corner, plus besoin de se poser la question ! J’ai également voulu me caler sur un créneau peu représenté pour ce type de cuisine sur Toulouse, c’est le côté snack du Veggie Corner.
En effet, je vais proposer pour le midi des tartes salées, des paninis, des salades en été et des soupes en hiver. Cela se fait en plus d’un plat du jour ! Le but est de suivre la saisonnalité des fruits et légumes. Pour coller avec le coté éthique, 95% de la production se compose de produits bio. Certains ingrédients de la pâtisserie sont très difficiles voire impossible à trouver en bio.
Pour l’après-midi au Veggie Corner il y aura une activité salon de thé. Ici encore, j’ai voulu me démarquer en proposant des desserts qui seront le plus proche possible des desserts que tout le monde connaît. On propose des tartes au chocolat, mille-feuille, gaufres, cookies, muffins, crumbles et encore pleins de délices sucrés ! C’est mon acte militant à moi : montrer aux gens que l’impératif éthique du mode de vie végane n’est pas si dur à atteindre !